La Prusse orientale fait partie des provinces que l’Allemagne perdit en 1945. Cette perte ne fut entérinée définitivement qu’au début des années 1990, lorsque la RFA, pour permettre une réunification rapide, renonça à sa position juridique, selon laquelle le règlement définitif du tracé de ses frontières ne pourrait intervenir que dans le cadre d’un traité de paix mettant officiellement fin à la Seconde Guerre mondiale. En l’absence de traité de ce type en bonne et due forme, ce sont les traités que l’on nomme généralement « Traités de Réunification » qui remplissent ce rôle. Le renoncement officiel et définitif de la RFA à ce qu’elle considérait comme ses droits sur les territoires de l’Oder-Neisse fut diversement accueilli par la société de ’Allemagne réunifiée. La population de l’ancienne RDA ne se sentait pas concernée par un problème réputé ne pas exister dans cet Etat, celle de RFA avait très majoritairement et depuis longtemps accepté la perte des territoires en question ; seules les Associations de réfugiés qui en sont originaires, ainsi que certaines des franges les plus conservatrices, jusqu’à l’extrême-droite, du paysage politique refusèrent, ou refusent encore pour certaines, de parler de la Prusse orientale (allemande) au passé. À travers le traitement public, parfois l’instrumentalisation du sujet par trois grands types d’acteurs, nous nous attachons à déterminer la place qu’occupe dans l’Allemagne réunifiée, directement ou indirectement, la Prusse orientale sur le plan politique et identitaire. Ces grands acteurs sont : • les Réfugiés eux-mêmes, premiers concernés, • les deux grands partis populaires allemands CDU/CSU (conservateur) et SPD (social-démocrate) : depuis le milieu des années 1990, ils sont obligés de se confronter de nouveau à cette thématique qui fait l’objet d’une « résurgence mémorielle » et qui, à ce titre, a réinvesti l’espace public, • les acteurs du système scolaire, « structurateur » identitaire et cristallisateur mémoriel par excellence. ; East Prussia belongs to the ...
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